MANZATORE (EP)
Ses élans de projection s’apparentent à un travelling avant où le présent met au défi le passé. Edward Barrow aime ce qu’on peut appeler l’expérience émotionnelle. Pour ce nouvel EP il reste fidèle au format du disque concept, mais de manière inconsciente, simplement rattrapé par la belle unité de son écriture évocatrice et de ses aspirations narratives à dimension cinématographique. Une dynamique récurrente, amorcée par l’album anglophone The Black Tree à l’orée de la précédente décennie puis la bascule de sa trajectoire francophone en 2021avec Une vie entière (Après tout, formidable phare de cet EP).
Manzatore, donc. Lieu imaginaire et fantasmé. Une île de volcans et de lumière où l’amour prend feu au milieu d’une nature sauvage et mouvante. Corps et paysages en fusion. Tristesse et joie en collision. Unité de temps et de lieu qui se glisse dès l’introduction à la Dominique A du morceau éponyme avant que le refrain ne s’emballe dans une insouciante légèreté à fredonner. Edward Barrow chante les éblouissantes lueurs, le charnel et les fantômes. Ses obsessions. C’est un disque intime et au souffle long, minéral et moiré, poétique et mystérieux. De la mélancolie lumineuse dont les mots s’avancent comme la mer sur le sable. Au cœur de ces cinq chansons, il y a la cristallisation qu’on ne se sépare jamais des personnes qu’on a aimées, idée matinée de deuil, de douleur, d’absence et de tentative de réparation. On y entend des envolées en forme de péplum et des chœurs «chabada» pour retenir ses larmes (Je ne pleurerai pas), une berceuse qui bascule dans l’emphase salvatrice (Un monstre parfois), un son rétro qui nous rappelle comme il est bon de se souvenir (J’aime) et un générique de fin en délicat crescendo de cordes (La pluie).
Un moyen-métrage musical et voluptueux, tourné vers l’horizon, plein d’ellipses et de sensations aussi troublantes que troublées.
LIENS RESEAUX SOCAUX
LIEN D’ECOUTE DE L’EP
Comment as-tu connu le festival ? Je suis allé voir il y a quelques années des amis (Ravages) jouer lors du festival.
Ça représente donc qqch pour toi de jouer dans l’église Saint-Eustache ? J’aime les églises, pas par religion mais parce que j’aime le lyrisme qu’elles offrent à la musique, j’aime le fait que s’y côtoient l’intime et le grandiose. Et l’église Saint Eustache est particulièrement belle !
Vas-tu y jouer des morceaux spécifiques ? Je vais jouer les titres de mon dernier EP MANZATORE sorti en janvier et quelques titres de mon précédent EP Une vie entière. Je jouerai aussi sûrement un titre inédit de mon prochain album. Je vais privilégier les chansons au piano même si j’en jouerai quelques-unes à la guitare. Toutes mes chansons sont construites dans ce mélange d’intimisme et de lyrisme qui je trouve iront parfaitement dans le cadre de St-Eustache.