“Yom est un grand voyageur. Il parcourt les territoires et les registres musicaux depuis près de vingt ans. A chaque projet, il invente une nouvelle façon de faire sonner sa clarinette. Guidé par des rencontres artistiques riches et originales, il casse les codes d’un klezmer traditionnel dans laquelle on aimerait parfois l’enfermer.

Avec Prière, les genres se mélangent à nouveau et l’horizon s’élargit.

Géographiquement d’abord, par l’influence des musiques d’Inde, d’Europe de l’Est et du Moyen-Orient, mais aussi structurellement, dans la confrontation avec l’orgue de la Philharmonie de Paris : Yom dialogue avec Baptiste-Florian Marle-Ouvrard, co-titulaire des grandes orgues de l’église Saint-Eustache ; deux musiciens interrogent la voix et l’écoute mais aussi le rapport entre le sacré et le profane.  Comment exister face à l’éruption sonore générée par un océan de tuyaux et donner vie au souffle humain faisant chanter un seul cylindre de bois noble ? Pourtant, la rencontre opère immédiatement. Dans le décor acoustique de la Grande salle Pierre Boulez, Yom et Baptiste-Florian Marle-Ouvrard nous font voyager dans les vents subtils de leur jeu, où l’inspiration semble parfois renvoyer à Pergolesi, Bach, Messiaen ou Ligeti. Imprégnée de sources orientales à la fois assumées et transcendées, leur musique s’entend comme une incantation, un appel universel, un dialogue interculturel-sans fondement religieux revendiqué une prière, comme le souligne l’épigraphe de cette création, qui renvoie avant tout à la dimension spirituelle de l’art. »

(Laurent Bayle, directeur général de la Cité de la musique – Philharmonie de Paris.)

www.yom.fr/fr/

https://www.bfmo.fr/

Comment as-tu connu le festival ? Par BFMO qui m’en parle quasiment depuis qu’on se connait (2017-2018) !

Tu y es déjà allé ? Non, je ne passe plus jamais la fête de la musique à Paris, depuis que j’ai fini une fois la soirée avec un pistolet sur le front… Ce sera donc une grande première pour moi que ce retour à Paris à 21 juin, et je suis ravi que ça tombe sur ce festival et ce lieu incroyable dans lequel d’ailleurs, nous avons créé le duo avec Baptiste Florian.

Ça représente donc qqch pour toi de jouer dans l’église Saint-Eustache ? Oui, ça représente vraiment quelque chose : d’abord, à force de tourner dans des théâtre qui se ressemblent un peu tous, et qui sont des lieux de divertissement, il est extrêmement agréable de se retrouver dans des lieux étrangers, au spectacle, des lieux de culte, des lieux ancestraux et chargés d’histoire, extrêmement chargé en énergie, qui ne peuvent pas laisser indifférent, et que je trouve d’une magnificence architecturale hallucinante… et pour ne rien gâcher, j’adore la réverbération, immense et particulièrement harmonieuse de l’endroit. Et, cerise sur le gâteau, y jouant en duo avec un organiste, je vais pouvoir profiter d’un des plus beaux instruments de France, voire du monde… tout simplement !

Peux-tu présenter ce que tu vas jouer avec BFMO ? Le concert que nous allons donner avec BFMO et une adaptation de deux répertoires que nous avons monté ensemble, l’un en 2018 qui s’appelait Prière et l’autre en 2023 qui s’appelait Méditation. Nous allons donc recréer un répertoire unique, basé sur mes compositions pour le duo, mais complètement sublimé par les talents d’arrangeur et d’improvisateur de Baptiste Florian, et proposer aux spectateurs une cinquantaine de minutes de méditation profonde, une sorte de soin musical, mais qui ne se prive pas non plus d’aller chercher dans un registre puissamment émotionnel. Un moment de communion entre deux musiciens qui franchissent toute forme de frontière culturelle pour tenter de créer des harmonies communes.

* BFMO : Baptiste-Florian Marle-Ouvrard